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d’Ogilvie étaient proposés en Angleterre par Russel Wallace[1].

En Amérique Henri George forma le « parti George », dont un des membres les plus en vue fut le prêtre catholique irlandais Mac-Glynn. À eux deux ils fondèrent l’Anti-Poverty society. Mac-Glynn, mandé à Rome, ne s’y rendit pas et fut interdit, et le parti George finit par se perdre dans le parti démocrate-socialiste.

Aussi bien tous les systèmes de nationalisation du sol se heurtent-ils maintenant à une grande objection, qui fait penser que Colins, Henri George et tous les autres sont venus au monde bien près d’un siècle trop tard. C’est que la propriété foncière est de moins en moins une forme nécessaire de la fortune, et qu’elle est une fraction de moins en moins considérable de l’avoir national. Karl Marx et le collectivisme, s’attaquant au capital en général et surtout au capital industriel, ont montré une intelligence bien plus profonde des conditions économiques de leur temps. Notre siècle est caractérisé par le développement de la grande industrie et la création des valeurs mobilières, mais ne l’est point, tant s’en faut, par la croissance des fortunes constituées en immeubles ruraux. Alors, si socialiste qu’on soit, pourquoi s’en prendre à ceux-ci et rien qu’à eux ?

  1. Wallace, Landnationalization : its necessity and its aims, 1882.