la propriété et la rente actuelle aux propriétaires qui avaient acheté la jouissance de cette dernière ou qui en avaient hérité. Et ici cependant les deux Mill se trompaient : car les chances, futures de plus-values de rendement qu’ils voulaient enlever sans indemnité, font bien partie de la propriété actuelle qu’ils voulaient respecter ; ils en font partie à tel point que la valeur d’échange d’un immeuble quelconque renferme essentiellement en soi toute la valeur présente des plus-values futures. Voilà pourquoi dans le même temps et la même ville il ne sera pas rare de voir le taux de capitalisation des immeubles varier de 1 % à 10 %, selon qu’ils, sont situés dans les quartiers qui paraissent destinés à « gagner » ou dans les quartiers que l’on juge condamnés au contraire à « perdre ».
Mais James Mill avait une telle foi dans les théories ricardiennes, qu’il croyait sérieusement que « les revenus de la terre (au dessus de la plus-value déjà acquise et consolidée) excéderaient, dans un pays d’une certaine étendue et passablement peuplé, le montant de ce que le gouvernement aurait besoin de dépenser ». On se tirerait alors d’embarras en abandonnant aux propriétaires quelque chose de cet unearned increment postérieur à l’établissement du nouveau régime.
La proposition prend une autre forme avec l’Allemand Gossen, que nous avons rencontré déjà dans l’école mathématique[1], mais dont le livre, « un des plus beaux livres d’économie politique qui aient été écrits, est encore presque complètement ignoré en Allemagne », à ce que disent ses admirateurs[2].
Gossen, qui est un pur utilitaire en morale et qui ne voit pas de droit en dehors de l’utile, demande que l’État