Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/697

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les cas de consommation subjective ? Comment expliqueriez-vous la valeur attribuée par la caravane à l’eau de l’oasis ? Comment expliqueriez-vous le vin qui prend de la valeur en vieillissant et qui revient ensuite à en perdre ? Même dans l’industrie usuelle, comment expliqueriez-vous que, le fabricant, connaissant la quantité de travail social incorporée à ses produits et la quantité de travail social incorporée aux autres marchandises qu’il désire acheter ensuite ne puisse cependant connaître ni ses prix de vente, ni ses prix de rachat ou remplacement ? Il faut donc dire bien haut que la thèse de Karl Marx sur le travail cause et mesure de la valeur n’a pas un atome de vérité en elle[1].

II. — La plus-value.

La plus-value — Mehrheit ou Plusmacherei — est l’excédent de la valeur ou force-travail — Arbeitskraft — retenue par le patron, sur la valeur ou force-travail payée par lui à l’ouvrier. En d’autres termes, le patron fait travailler l’ouvrier une journée entière ; il garde le produit de cette journée et donne à l’ouvrier seulement l’équivalent du produit d’une demi-journée. Cette plus-value, constamment reproduite et retenue, engendre le capital, lequel est un vol continu.

Ici la dialectique de Karl Marx devient particulièrement prolixe et laborieuse.

Si le capitaliste, dit-il en substance, ne vendait le produit qu’à sa valeur d’échange en donnant à l’ouvrier l’intégralité de cette valeur, il n’aurait aucuns profits. Mais il en exige : pour en avoir, il prend la force de travail de l’ouvrier, il la paye ce qui est suffisant à l’ouvrier pour pouvoir vivre (soit l’équivalent de six heures de travail) et il lui fait produire le double (soit l’équivalent

  1. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 34 et s. — Voyez une bonne discussion de la théorie marxiste de la valeur dans de Bœhm-Bawerk, tr. fr., Histoire critique des théories de l’intérêt du capital, t. II, 1903, pp. 85-114.