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nomie. Le 24 septembre 1864, il fonde « l’Association internationale des travailleurs ». En 1867, il fait paraître son premier volume de Das Kapital, et il meurt à Londres en 1883[1]. Les trois autres volumes du Capital ne virent le jour qu’après lui, le second en 1885, par les soins d’Engels, les deux derniers enfin en 1894[2]. Le système est contenu presque entièrement dans le premier des trois : le troisième est consacré tout entier à une théorie des taux du profit, déduite des définitions du capital et de la plus-value. Marx est un écrivain prolixe, dont l’apparente profondeur n’est souvent qu’une illusion de l’obscurité. Mais on ne saurait nier qu’il ait eu un cerveau admirablement doué pour la métaphysique.

Examinons les grandes thèses économiques qu’il a développées dans son Capital. Nous les ramenons à cinq : 1° le travail cause de la valeur ; 2° la plus-value ; 3° le rôle du capital dans les procès de circulation et de production (en langage usuel on dirait « processus », mais les traducteurs de Marx disent « procès ») ; le matérialisme historique ; 5° la loi de l’évolution vers le collectivisme.

I. — Le travail cause de la valeur.

La valeur de toute marchandise a pour principe et pour mesure la quantité de travail qui est renfermée en elle, et cette valeur, en même temps qu’elle doit constituer le prix des choses, doit revenir aux travailleurs dans la mesure du travail qu’ils ont fourni.

La valeur absolue, distincte de la valeur d’usage (laquelle consiste dans l’utilité relative au regard de chaque acheteur), n’est que du « travail humain cristallisé ». Autrement dit, « la valeur d’une marchandise est à la

  1. Par ses trois filles, Marx eut trois gendres illustres dans le socialisme, Paul Lafargue, qui fut député du Nord, puis Aveling et Longuet.
  2. Les volumes postumes du Capital ne sont guère que des morceaux isolés, plus ou moins soudés entre eux par Engels, interprète de la pensée du maître. Les redites y abondent, et la lecture en est remarquablement pénible. Les trois derniers volumes du Capital ont été traduits en français, en 1900,1901 et 1902.