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d’un ensemble de phénomènes. L’école solidariste est surtout un procédé ou plutôt un ensemble de procédés de plus en plus teinté de socialisme : car, bien qu’elle « se sépare de l’école révolutionnaire, dit M. Gide, en ce qu’elle ne croit pas à l’efficacité de la révolution et de l’expropriation pour transformer l’homme et même le milieu social », cependant elle « vise à réaliser les principaux desiderata du socialisme. »,

M. Gide la félicite ainsi de son « rare privilège de rallier des adhérents venus de tous les points de l’horizon : les fidèles au vieux socialisme idéaliste français de Fourier et de Leroux, les disciples d’Auguste Comte, les mystiques et les esthètes qui s’inspirent de Carlyle, de Ruskin ou de Tolstoï, ceux qui vont à l’église comme ceux qui sortent des laboratoires de biologie. Mais peut-être, ajoute-t-il, doit-elle cette bonne fortune au fait que son programme est encore assez indéterminé[1]. »

Autant dire qu’elle ne sait pas où elle va, et nous nous empressons d’en donner acte à M. Gide.

Le Précis d’économie politique de M. Cauwès, très solidement documenté, fortement appuyé de faits et de chiffres, ne présente que des traces beaucoup plus affaiblies de socialisme d’État.

Précisément parce que le socialisme d’État est un procédé beaucoup plus qu’une théorie ou un système de doctrine, nous en avons ici peu de choses à dire. C’est surtout dans les faits et dans les lois qu’il doit être étudié.

Les assurances obligatoires en Allemagne ont été une de ses manifestations les plus imposantes. En France, nous avons été sur le point d’en avoir de semblables avec la forme première de notre loi sur l’assurance contre les accidents de l’industrie et avec les projets sur les retraites à la vieillesse, dont le dernier, voté déjà par la Chambre,

  1. Gide, Principes d’économie politique, 7e édit., 1901, p. 42.