les cas une satisfaction moyenne, dont l’insuffisance peut être-une injustice envers lui : seulement cette injustice a sa contre-partie dans les réparations indues qui sont accordées à d’autres au cas de force majeure ou de risque impossible à empêcher ou à prévoir.
La même remarque s’applique à nos projets de loi sur les retraites ouvrières, comme à tout ce qui concerne l’assurance obligatoire. Quand l’assurance est libre et spontanée, soit qu’il s’agisse de mutualité ou de primés fixes, elle constitue un contrat aléatoire à titre onéreux, par échange d’une perte certaine contre l’indemnité stipulée d’une perte incertaine. Mais il en est autrement dans l’assurance obligatoire. Contraindre les ouvriers à verser, d’une manière directe ou indirecte, des primes actuelles en vue de retraites futures, que certains d’entre eux seront seuls appelés à recueillir dans des conditions déterminées de services, voilà une combinaison qui suppose au préalable une solidarité sous-entendue de tous ceux qu’on fait entrer de force dans ces combinaisons tontinières. La solidarité introduit ici une prévoyance collective dont les uns seront les victimes pour que les autres en soient les bénéficiaires. Prévoir, épargner, s’assurer le pain des vieux jours n’est, plus l’œuvre de chacun, pour que les satisfactions obtenues correspondent aux sacrifices acceptés et voulus : tout cela n’est plus qu’une œuvre solidaire, mais spoliatrice, dans laquelle quelques-uns sont destinés à profiter des sacrifices arrachés à tous par les voies de la contrainte. Et comme l’État seul peut exercer cette contrainte, comme l’État n’accorde aussi qu’à lui seul la confiance pour garder et gérer les sommes immenses que ces institutions devront recevoir et mettre en réserve, il s’ensuit que l’idée de la solidarité nous conduit dès maintenant au socialisme d’État, jusqu’à ce que, analysée et fouillée plus avant, elle nous conduise jusqu’au socialisme absolu.
Tout cela se tient avec l’évolution du droit. « Dans la