nomie politique en est une au même titre, par opposition aux sciences physiques et aux sciences naturelles, qui étudient la matière et son organisation, mais non pas la pensée. Mais de ce que l’économie politique est une science morale en ce sens là, il ne doit nullement s’ensuivre que l’économie politique doive, être dans un rapport quelconque d’infériorité ou de supériorité avec la morale proprement dite. Un rapport de parallélisme lui suffit, et le mot « amoral » qu’on a inventé, exprime bien cette situation. L’économie politique étudie d’abord comment le jugement de valeur est déterminé dans la pensée humaine lorsqu’il s’agit de richesses ; et elle étudie ensuite quels actes il inspire à la volonté, fût-ce même dans la plus stricte limite du bien moral. Elle laisse donc à la morale proprement dite, non seulement le soin de déclarer ce qui est licite ou illicite, vertueux, indifférent ou vicieux, mais encore le soin de mouvoir l’homme par d’autres ressorts que le jugement de valeur et la recherche de l’intérêt économique. Sur tous ces derniers points, l’économiste se déclare incompétent, aussi bien que le moraliste doit se déclarer incompétent quand on le consulte sur le bimétallisme, sur la loi de Gresham ou sur le moyen de ramener le change au pair, ou même quand on le consulte tout simplement sur les conséquences que la réduction des heures de travail, de dix à neuf ou de neuf à huit ou de huit à sept, peut entraîner pour la productivité économique d’un pays ou d’une industrie. Voilà comment l’économie politique est indépendante de la morale, c’est-à-dire comment elle est amorale tout en étant une science morale.
II. — Les lois économiques et la liberté.
Pour le mot « loi », il existe une confusion analogue.
Dans la morale, « loi » signifie un commandement impératif : avec les sciences physiques et naturelles, le même mot signifie un rapport constant et régulier dans la succession des phénomènes, rapport d’où la logique a induit une relation de causalité. Quel sens appliquer ici ? L’éco-