de la gêne. Il fallait tenir compte, dit Wagner, de trois autres motifs intéressés, qui sont : 1° la recherche des récompenses et la crainte des punitions ; 2° la recherche de l’honneur et la crainte du déshonneur ; 3° la recherche de l’activité et la crainte de la passivité — tous les trois, par conséquent, sous leurs deux formes positive et négative. — Il fallait aussi tenir compte d’un mobile désintéressé, le sentiment du devoir, qui devient dans sa forme négative, le sentiment du remords[1]. Cependant les religions, et en particulier le christianisme, ont donné à tout, jusqu’à ce sentiment même du devoir, un fondement égoïste par l’attrait ou la crainte des sanctions de l’au-delà[2].
Wagner, cependant, essaye de réagir contre les tendances plus avancées de la jeune école historique conduite par Schmoller : car il croit encore à l’universalité de la nature économique et à la constance de l’égoïsme humain[3].
Gustave Schmoller, professeur à l’Université de Berlin, est en effet un évolutionniste plus hardi. Si l’on peut accepter la plupart de ses idées sur le concours que l’étude de l’histoire donne à celle de l’économie politique[4], on ne saurait approuver ses hypothèses indémontrables sur les origines des civilisations, des morales et des religions — systèmes provisoires, selon lui, qui naissent, qui s’entrechoquent et qui meurent, en devenant « le point de départ de temps nouveaux et de nouvelles formes sociales[5] ».
Ses Principes d’économie politique[6] ont voulu être tout ensemble un exposé magistral de la science moderne et un
- ↑ Cette démonstration remplit tout le chap. i du t. 1, pp. 99-197, ce qui indique l’immense importance que Wagner y attache.
- ↑ Fondements de l’économie politique, tr. fr., pp. 166 et s., p. 189.
- ↑ Voyez (Op. cit., pp. 73 et s.) comment Wagner explique lui-même ses divergences de vues avec Schmoller. — Comparez Bougie, les Sciences sociales en Allemagne, 1896, pp., 71 et s.
- ↑ Schmoller, Économie nationale, économie politique et méthode, 1893, § ix, dans Politique sociale et économie politique, tr. fr., 1902, pp. 379 et s.
- ↑ Op. cit., §§ iv et v, p.354.
- ↑ Tr. fr., t. 1 et II, 1905 ; t. III, 1906 ; t. IV, 1907 ; t. V, 1908.