Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/550

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore. Nous ne pouvons nous arrêter que sur l’influence que ces doctrines ont exercée en dehors de leur pays.

Deux hommes surtout personnifient l’école historique allemande contemporaine, Wagner et Schmoller.

Adolf Wagner, successivement professeur à Vienne, à Hambourg, à Dorpat, puis à Fribourg et finalement recteur de l’Université de Berlin, se contente d’affaiblir la notion des lois économiques bien plutôt qu’il ne la renverse. Il distingue encore entre elles les lois de mouvement, qui expriment comment certains groupes de faits arrivent à se produire, et les lois d’évolution, qui expriment une régularité dans la succession des hypothèses au milieu desquelles ces lois de mouvement peuvent s’appliquer ; ainsi les lois des prix sont des lois de mouvement, tandis que c’est une loi d’évolution qui a fait arriver le régime de la grande industrie[1] : mais « toutes ces lois n’ont qu’une très faible analogie avec les lois de la nature », tellement «les causes sont variées », et tellement « les mobiles psychiques, qui déterminent les actions humaines et par suite les phénomènes économiques se différencient entre eux, au point de ne pouvoir être compris dans de simples formules[2] ».

Wagner, en effet, a beaucoup insisté sur la pluralité des mobiles de nos actes, avec ce qu’il appelle leur « motivation ». Adversaire d’Adam Smith, il lui reproche d’avoir trop isolé le mobile de l’intérêt pécuniaire et d’avoir aussi trop laissé croire que l’homme soit uniquement conduit par la recherche, de l’avantage économique et par la crainte

    doit pas être confondu avec le baron vom und zum Stein, homme d’État prussien, mort en 1831, qui avait pris une grande part à la reconstitution militaire et financière de la Prusse après Iéna.

  1. Sur la bibliographie de l’école historique allemande, voyez Wagner, Fondements de l’économie politique, tr. fr., 1904, §§ 14-15-16, pp. 54 et s. — Richard Schüller, Die Wirthschaftspolitik der historischen Schule, Berlin, 1899.
  2. Ibid., p. 345.