Les économistes, dit Roscher, se demandent tantôt : « Qu’est-ce qui devrait être ? » et tantôt « Qu’est-ce qui est ? ». Ils font de la méthode idéaliste dans le premier cas ; dans le second, de la méthode historique, physiologique, descriptive. Chez les idéalistes, il y a des tiraillements incessants et des discordes, parce que les théoriciens, en cherchant ce qui devrait être et en le cherchant d’après la pure raison, ne peuvent pas cependant s’empêcher d’être les interprètes des aspirations de leur époque. À quoi bon chercher l’idéal économique ? Il n’y en a pas qui soit commun aux divers peuples. Il faut débuter par l’étude de l’anatomie économique et faire une sorte de physiologie. Ainsi l’économie politique quitte le caractère de science abstraite : elle devient d’une part une description comme l’histoire, et de l’autre côté un art pratique[1]. Roscher, après Hildebrand, appelait « économie nationale » cette conception nouvelle de l’économie politique. Peu à peu le penchant vers l’analyse descriptive et pour ainsi dire anatomique le domina de plus en plus, et il finit en écrivant une Histoire naturelle du césarisme, suivie d’une Histoire naturelle de la démocratie.
Il a laissé, dans un autre ordre d’idées, une Histoire de l’économie politique en Allemagne, qui a obtenu un grand et légitime succès[2].
Bien d’autres noms peuvent être cités après ceux-là, notamment ceux de Lujo-Brentano, professeur à l’Université de Vienne[3], de Rœssler[4], de Stein[5], et bien d’autres
- ↑ Grundlagen der Nationalœkonomie, Introduction, ch. iii, §§23-25, « Idealistische Methode ; — §§ 26-29, « Historisch-physiologische Methode ».
- ↑ Geschichte der Nationalœkonomie in Deutschland, Munich, 1874.
- ↑ Die Klassische Nationalœkonomie, Leipsick, 1888.
- ↑ Über die Grundlehren der von A. Smith begründeten Volkswirthschaftstheorie, Erlangen, 1868 ; et Lehrbuch des deutschen Verwaltungsrechts, Erlangen, 1872-1873.
- ↑ Stein (Lorenz von Stein) (1813-1890), Danois, qui avait habité Paris, s’y était lié sous Louis-Philippe avec les sommités socialistes d’alors et qui publia (outre Der Socialismus und Kommunismus Frankreichs, 1843) un System der Staatswissenschaft ou « Système de la science politique ». Il ne