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à présenter le maximum d’instabilité locale et le minimum de cohésion entre les membres de la famille, même au point de vue de l’éducation domestique et morale.)

IV. — Le travail est le quatrième fondement de la société — le travail, source de vertu par l’effort qu’il nécessite et source de richesses par le résultat qu’il produit[1].

Le premier des arts usuels est l’agriculture. Mais elle est considérablement contrariée par le régime du partage forcé, qui, d’une part, disloque les petites propriétés et renouvelle incessamment la classe de ses possesseurs, et qui, d’autre part, en démembrant les grandes propriétés, empêche que celles-ci n’offrent aux leurs une véritable carrière industrielle à poursuivre, de manière à les tenir écartés du fonctionnarisme stérile et du luxe oisif des grandes villes[2].

Mais, à côté de l’agriculture, l’industrie manufacturière a pris un essor immense, et la révolution accomplie dans le monde par Arkwright, Watt et tous les inventeurs qui se sont succédé depuis plus d’un siècle, dépasse beaucoup en importance ce qu’on est convenu d’appeler la Révolution, bien que cette dernière se soit promenée par toute l’Europe à la suite de notre drapeau.

Le travail a subi la même évolution que la propriété. Partout, avec le progrès, il a tendu à devenir individuel. « Les anciennes communautés, fondées sur l’action directe de tous les associés, avaient un caractère exceptionnel : elles disparaissent peu à peu ; elles ne se maintiennent que pour de rares spécialités, dans les contrées où la civilisation moderne a peu pénétré. Partout ailleurs, surtout en ce qui touche les manufactures, elles ont disparu, ou bien elles s’éteignent pour faire place à des coutumes fondées sur le travail individuel et la propriété personnelle[3]… Les

  1. Réforme sociale, ch. iv, § 31.
  2. Op. cit., ch. iv, § 34.
  3. Ibid., ch. v, § 42, t. II, p. 226.