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CHAPITRE XII

LE PLAY ET L’ÉCOLE DE LA RÉFORME SOCIALE


Une histoire des doctrines économiques serait incomplète, si une place n’y était pas donnée à l’économie sociale.

L’économie politique, comme nous le savons, s’occupe des richesses par le côté où ces richesses satisfont les besoins matériels de l’homme et concourent ainsi, d’une manière au moins indirecte, à la satisfaction de ses besoins moraux et intellectuels. Mais pour que les besoins matériels soient apaisés, pour que la production des richesses soit assez active et la pratique de l’épargne assez goûtée, il faut que l’harmonie règne entre les diverses classes de la société, et que les qualités morales des individus leur facilitent le travail et l’épargne, par la modération des désirs et la pleine utilisation de toutes leurs facultés productives.

Or, un des buts de l’économie sociale est de connaître et d’encourager tout ce qui peut produire ces heureux résultats. Elle abandonne à l’économie politique l’étude de certaines questions purement économiques, comme celles du commerce international, de la monnaie et du change, ou bien celles de la cause et de la définition de la valeur ; elle partage avec elle l’étude d’une foule d’institutions qui intéressent le bien-être des classes ouvrières, comme les institutions de prévoyance et d’assistance ; elle se réserve enfin, d’une manière exclusive, l’étude du régime intérieur de la famille et des rapports moraux entre les divers groupes qui composent la société.

On peut dire que l’économie sociale est née en notre