ainsi que nous l’établirons tout à l’heure, s’en est au contraire affranchie[1].
Selon M. Cauderlier, l’équilibre nécessaire et naturel des vies humaines et des ressources est obtenu directement et immédiatement par l’action que le sentiment de ce rapport exerce sur les mariages et les naissances. Les mouvements de la population sont, ainsi ramenés à une « cause unique qui agit en tout temps et en tout lieu[2] »… « Il n’y a point de place pour la volonté de l’homme », dit-il, et, celle-ci peut seulement « agir indirectement sur la population, en agissant directement sur les deux termes ressources et besoins, c’est-à-dire en augmentant ou diminuant les ressources et en diminuant ou augmentant les besoins[3]. » Ici, besoin est pris comme synonyme d’un désir quelconque de la volonté, même se portant vers les jouissances les plus superflues ou les plus futiles.
M. Paul Leroy-Beaulieu et l’immense majorité des économistes contemporains considèrent le phénomène de cette moindre natalité comme un effet tout naturel de l’aisance et du développement des idées et des mœurs dé-
- ↑ Suivant M. Levasseur (Population française, 1. IV, ch. i, t. III, pp. 24-26), la population a deux tendances différentes, l’une à croître, l’autre à produire de la richesse ; mais on ne peut pas affirmer laquelle sera la plus active et si, par conséquent, ce sera la richesse ou bien la population qui se développera le plus.
- ↑ Cauderlier, les Lois de la population et leur application à la Belgique, 1900, — et analyse de cet ouvrage, par M. Cauderlier, dans le Journal des Economistes, décembre 1900, pp. 380 et s.
- ↑ Cauderlier, les Causes de la dépopulation de la France, 1901, p. 17. — Item, les Lois de la population en France, 1902, p. 19. — M. Cauderlier, dans ses Lois de la population et leur application à la Belgique, accumule des erreurs de tout genre lorsqu’il écrit que « la faible natalité de la France y est due aux conditions dans lesquelles elle se trouve. Les besoins de la vie y ont rapidement augmenté et sont naturellement très difficiles à satisfaire dans un pays écrasé d’impôts et qui a éprouvé, ces dernières années, un grand nombre de catastrophes financières » dont Panama (Op. cit., p. 197). Ces assertions sont contredites par l’histoire économique et fiscale de la France depuis le Consulat et par le phénomène constant de l’immigration étrangère : car, en France, au moins jusque autour de 1890 ou 1895, les impôts ont crû moins que la richesse générale ; et l’immigration constante des Italiens, des Belges, etc., prouve que la vie n’est pas plus difficile à gagner chez nous que dans les pays respectifs de ces émigrants.