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forces de l’association. Il y aura donc une économie considérable d’efforts, eu égard aux résultats — comme il arriverait par exemple si les États-Unis filaient et tissaient eux-mêmes leurs cotons bruts, au lieu de les envoyer en Angleterre pour les y faire ouvrer et les réimporter en cotonnades[1].

On peut regretter toutefois que Carey, qui ignorait l’histoire sociale de l’Europe et particulièrement celle du moyen âge et qui était en outre un admirateur enthousiaste des États-Unis, soit quelque peu injuste pour la civilisation européenne et pour le patriotisme de nos vieilles nations de l’ancien continent[2].

Dans ses Principes de science sociale, Carey revient sur la question de la population, pour opposer au principe de Malthus la loi naturelle de la fécondité croissante des espèces animales et végétales selon l’ordre décroissant de leurs perfections relatives. Effectivement les genres des animaux inférieurs sont moyennement plus prolifiques que ceux des animaux supérieurs, et les espèces végétales sont moyennement aussi beaucoup plus fécondes que les espèces animales, de telle sorte que si l’on pouvait représenter dans un temps donné la multiplication naturelle du genre humain par les puissances consécutives de 2, on pourrait représenter par les puissances consécutives de 3, de 4 ou de 5 la multiplication des animaux et des végétaux dans la même période, aussi longtemps du moins que l’espace ne ferait pas matériellement défaut[3].

Les Principles of social science — seul ouvrage qui ait été traduit en français — reprennent les autres idées maîtresses de Carey. On y voit encore que la valeur est égale au coût de reproduction, que le progrès est la loi

  1. Op. cit., ch. ii, « Man and food », et ch. vi, « Man and his fellow man ».
  2. Voyez op. cit., ch. vi, « Man and his fellow man », et ch. viii, « Man and his helpmate ».
  3. Cette idée se trouve déjà indiquée dans Sismondi, Nouveaux principes d’économie politique.