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erreur, l’argumentation de Ricardo fait apparaître dans le rendement total de 190 une rente de 10. C’est avec celle-ci que Carey ouvre la seconde colonne. Donc il ne reste plus que 180 pour la troisième, qui exprime le loyer du capital. On n’a qu’à continuer ainsi, en diminuant de période en période l’excédent du rendement total de cette période sur le rendement total de la précédente : il s’ensuit à chaque période un accroissement de la rente toujours plus fort que l’accroissement précédent. Ensuite les chiffres de la seconde colonne retranchés de ceux de la première, dictent d’une façon inexorable ceux de la troisième, qui expriment le loyer par opposition à la rente.

Carey conteste à bon droit les conclusions historiques qui naîtraient de ce schéma.

Il fait observer que la proportion du produit brut donnée au propriétaire est allée au contraire en diminuant, au profit de la proportion qui est allée au cultivateur. Historiquement il a raison. Alors — mais sans preuves, et seulement pour faire mieux saisir sa pensée — il construit le tableau suivant, à mettre en regard de celui qui serait tiré de Ricardo pour les mêmes onze périodes[1].


Rendement brut Pouvoir de la terre Pouvoir du travail
1re période 30 20 10
2e 70 40 30
3e 120 60 60
4e 180 80 100
5e 250 100 150
6e 330 120 210
7e 420 140 280
8e 520 155 365
9e 630 170 460
10e 750 180 570
11e 880 190 690
  1. Ibid., p. 70. — Nous avons corrigé une faute manifeste de calcul que Carey avait faite à la huitième période de son schéma, à moins que ce ne fût une simple faute d’impression.