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des concurrents commerciaux de l’Angleterre. Il n’y a donc pas que de l’exagération et de l’enthousiasme dans les éloges qu’Eheberg, son biographe, décerne à son œuvre[1].

Le Système national de l’économie politique devait avoir trois volumes. Un seul existe, celui qui fut publié en 1841 et qui est consacré exclusivement au commerce international.

List, aux premières lignes de son introduction, manifeste l’étonnement qu’il éprouve des perpétuelles contradictions : entre les hommes de théorie, qui sont libre-échangistes, et les hommes d’affaires, qui sont protectionnistes. Son étonnement redouble quand il observe que l’expérience donne raison au libre-échange des Anglais et au protectionnisme des Russes, mais tort au libre-échange des Américains. Eh bien, dit-il, tout le monde à tort, parce que tout le monde juge d’une manière absolue ce qui doit être seulement jugé d’une manière relative. « La pratique, dit-il, commet la grave erreur d’affirmer l’utilité et la nécessité absolue et générale des restrictions, parce que ces restrictions ont été utiles et nécessaires dans certaines nations et dans certaines périodes de leur développement… Au contraire, la théorie dominante, comme elle a été imaginée par Quesnay et développée par Adam Smith, donne une attention exclusive aux exigences cosmopolites de l’avenir, et encore ne s’agit-il ici que de l’avenir le plus éloigné[2]. »

Des quatre livres (qui sont consacrés : 1° à l’histoire ; 2° à la théorie ; 3° aux systèmes ; 4° à la politique), c’est le deuxième qui est le plus important, et c’est de lui que nous dégagerons les idées principales de l’auteur. Nous avouons du reste très volontiers que l’œuvre est diffuse, pleine de répétitions et de longueurs.

  1. Eheberg, Historische und kritische Einleitung zu List’s nationalem System der politischen Œkonomie.
  2. Op. cit., 7e édit, Stuttgart, 1883, p. 4 (Nous citerons toujours cette édition allemande de 1883, précédée de l’Introduction d’Eheberg).