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commissar (ou employé du cadastre). En 1817, il fut nommé professeur de Staatspraxis (ou droit administratif et politique) à l’Université de Tübingen. Il fonde alors, avec un petit groupe de négociants, le Handelsverein ou « Union du commerce », pour demander la suppression des douanes entre les États de la Confédération germanique et pour faire reporter les barrières aux frontières même de la Confédération. Il quitte sa chaire en 1819 pour être plus libre, se met à parcourir l’Allemagne pour y semer ses idées, est élu député, invalidé, puis réélu, en même temps que ses manœuvres en vue de réformes libérales à obtenir le font traiter de démagogue. Condamné de ce chef, en 1820, à dix ans de forteresse, il s’échappe et habite successivement Strasbourg, Paris, Londres et la Suisse. Mais un retour imprudent sur le territoire wurtembergeois le fait emprisonner à deux reprises successives. Finalement il est mis en liberté en 1825, sous la promesse de se rendre en Amérique. Là, il accompagne La Fayette dans son voyage triomphal à travers les États-Unis ; il lance des affaires de mines de houille et amasse rapidement une jolie fortune. Son premier livre, les Outlines of an American political economy ou Esquisses d’une économie politique américaine, paru en 1827, est un manifeste protectionniste dirigé contre la suprématie commerciale de l’Angleterre. List y montre une très remarquable intuition du rôle économique que les chemins de fer pouvaient être appelés à jouer. C’est dans ce séjour aux États-Unis que List aurait connu l’ouvrage de Raymond, publié dès 1820. Après un premier retour en Europe, à la fin de 1830, avec

    de ses relations dans l’État manufacturier et protectionniste de Pensylvanie, ce fut dans son contact avec des hommes comme Mathieu Carey et dans la lecture d’écrits protectionnistes comme le Rapport sur les manufactures d’Hamilton et les Pensées sur l’économie politique de Daniel Raymond, que List apprit toute la puissance que la protection peut avoir pour asseoir la force de production d’un grand peuple. Le protectionnisme de List est regardé à bon droit comme américain par son origine : List est le successeur d’Hamilton et de Raymond » (Sidney Sherwood, Tendencies in American economic thought, Baltimore, 1897, pp. 15-16).