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ou descend, on ne peut pas aisément affirmer si c’est à Londres ou bien à Hambourg que se produit le changement absolu d’où procède le changement relatif constaté par la cote[1]. D’ordinaire aussi le problème du change est envisagé d’une manière incomplète, parce que l’on n’y distingue pas, d’une part, le change proprement dit, impliquant un envoi possible de monnaie et limité par conséquent dans ses écarts par le point d’or (gold-point) pris comme maximum de la perte ou de la prime ; d’autre part, l’agio proprement dit, qui est constitué par la dépréciation d’une monnaie par rapport à une autre[2].

Il est hors de doute que toute cette théorie, dans sa partie relative à la valeur comparée de la monnaie en divers pays et à l’équation des dettes internationales (ou balance des comptes), a jeté beaucoup de jour sur la question des changes internationaux. On a même conclu parfois[3] que l’ajustement spontané des prix et l’orientation qui en résulte pour le sens général du commerce extérieur, ramènent forcément le change au pair et que tout dérangement d’équilibre y est essentiellement momentané. Faut-il aller jusque là, devant les exemples obstinément contraires de toutes ces dernières années ? Faut-il penser qu’il suffise, pour les expliquer, d’accuser une politique protectionniste qui ferait obstacle à rajustement des prix ? Non : mais ces variations du change, intenses et persistantes comme elles sont avec certains pays, sont elles-mêmes l’instrument de cet ajustement des prix, puisque le vendeur du pays à change déprécié gagne tout l’écart sur le pair, en même temps qu’à côté de lui il voit perdre cet écart par les négociants importateurs[4]. Au contraire, l’hypothèse de la

  1. Loc. cit., p. 109.
  2. Fontana-Russo, op. cit., pp. 114 et s.
  3. Gide, Principes d’économie politique, 1re édit., pp. 275-276. — Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édit., p. 446.
  4. Les raisonnements sur l’équation des demandes internationales et sur les problèmes du change extérieur ne peuvent pas être disjoints de l’observation attentive des phénomènes tels que la pratique les produit. — Prenons des