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l’émigration et par conséquent le nivellement sont impossibles dépeuplé à peuple, et de croire qu’ils sont nécessaires et pour ainsi dire immédiats au sein de chaque nationalité. Aussi Sidgwick, pour distinguer le commerce intérieur et le commerce extérieur, s’attachera-t-il à la question des distances et des frais mutuels de ; transport, plutôt qu’à la différence ethnographique ou politique des nationalités[1].

Mais revenons à la thèse que nous voulons exposer : à savoir que la comparaison du coût absolu, qui commande les échanges à l’intérieur, doit être remplacée, à l’extérieur, par la comparaison des coûts relatifs. Le théorème à démontrer, c’est que la condition nécessaire et suffisante d’un échange international est la différence de la valeur relative de deux marchandises dans les deux pays, quand, même l’une et l’autre de ces deux marchandises seraient à la fois plus chères dans un pays et moins chères dans l’autre[2].

Torrens paraît avoir été le premier à entrevoir cette formule[3], que Ricardo, puis James Mill ont illustrée, que Stuart Mill, enfin, a développée d’abord dans ses Unsettled questions[4] avant d’y revenir dans ses Principes[5].

A. Condition nécessaire. — Mettons le théorème en

  1. Sidgwick, Principles of political economy, 1. II, ch. iii.
  2. « The one condition, therefore, at once essential to, and also sufficient for, the existence of international trade, is a difference in the comparative, as contradistinguished from the absolute cost of producing the commodities exchanged » (Cairnes, Some leading principles, I. III, ch. i, § 3, pp. 371-372). — « La condition essentielle pour qu’un commerce quelconque s’établisse entre des pays étrangers, est qu’il y ait une différence entre les coûts comparatifs des marchandises qui sont l’objet de l’échange, tandis qu’à l’intérieur d’un pays il suffit que cette différence existe entre les coûts absolus » (Fontana-Russo, op. cit., p. 34).
  3. « Le colonel Torrens, — dit Stuart Mill, — en réimprimant un de ses premiers écrits (les Économistes réfutés), a établi qu’il avait droit de partager avec Ricardo l’honneur d’avoir découvert cette doctrine et de l’avoir publiée le premier » (Stuart Mill, Principes d’économie politique, loc. cit., t. II, p. 108 en note).
  4. Essai Ier.
  5. Principes d’économie politique, 1. III, ch. xvii, § 2, t. II, pp. 108 et s.