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— sont les principaux et les plus anciens représentants de la théorie de la valeur internationale.

Comme les libre-échangistes disciples de Say et de Bastiat, ils reconnaissent bien qu’entre nations les produits s’échangent entre eux et que, abstraction faite des envois de numéraire, qui ne sont jamais très considérables ou jamais continus dans le même sens, et abstraction faite aussi des lettres de change, qui ne sont que des instruments de compensation entre localités différentes, le commerce international vu de haut n’est pas autre chose qu’un échange de marchandises contre marchandises, autrement dit lin simple troc. Mais sur quelles bases de valeur, demande Ricardo, ce troc a-t-il lieu ? Car il est, avant tout, « nécessaire de fixer le mode de détermination de la valeur des marchandises dans les échanges internationaux, ou, pour mieux dire, d’énoncer le taux d’échange international[1] ».

C’est ainsi que la question se posait.

N’oublions pas que Ricardo fondait la valeur de chaque richesse sur le travail que coûtait la production courante des richesses de ce genre ; il en était ainsi, avait-il dit, au moins pour toutes les « marchandises dont la quantité peut s’accroître par l’industrie de l’homme[2] ». La formule était fausse sans doute : mais il n’y a pas lieu de s’arrêter à cette erreur de Ricardo sur la valeur causée par le travail. On sait, en effet, que les choses se passent ordinairement comme si elle était juste, puisque la valeur, au lieu d’être engendrée par le travail, procède comme lui de notre sentiment du besoin, qui inspire à la fois l’acte du travail et l’estime de la valeur — ce qui maintient l’harmonie de fait entre ces deux quantités d’ordre différent.

Donc les richesses, comme le veut Ricardo, s’échangeront bien ordinairement entre elles d’après la quantité de

  1. Fontana-Russo, Politique commerciale, tr. fr., p. 37.
  2. Principes de l’économie politique et de l’impôt, ch. i, sect. ii.