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CHAPITRE VI

LA THÉORIE DE LA VALEUR INTERNATIONALE

Stuart Mill avait repris et longuement développé la théorie de la valeur internationale, qui, fameuse en Angleterre, est restée assez peu approfondie en France[1]. Dans notre langue, en effet, Cherbuliez et l’économiste mathématicien Cournot, avec M. Vilfredo Pareto, de Lausanne, seraient les seuls qui l’auraient étudiée[2] ; même M. Maurice Block n’a pas craint de dire que « les économistes du continent ont bien fait de la laisser de l’autre côté de la Manche ». Quoi qu’il en soit, elle est trop importante pour ne pas avoir droit à une place dans une histoire des doctrines économiques ; elle est en même temps trop difficile à saisir pour ne pas mériter une étude isolée et distincte. Stuart Mill y voyait à bon droit « les questions les plus compliquées qu’il y ait en économie[3]

  1. Sur ce point, outre Ricardo, Stuart Mill et Cairnes, on peut étudier la Théorie du commerce international, par Bastable (1re éd., 1887), traduction française de M. Sauvaire-Jourdan, 1900 ; Cet ouvrage, disons-le, est malheureusement fort obscur, même sur les points où il serait facile de se faire comprendre, par exemple sur la distinction capitale entre la balance du commerce et la balance des comptes — ce que Bastable appelle l’équation des dettes (Op. cit., pp. 99 et s.). — À recommander tout particulièrement, le Traité de politique commerciale de M. Fontana-Russo, 1907 (Paris, 1908, traduit de l’italien), et plus spécialement, dans le livre I, les chapitres ii, iii et iv. M. Fontana-Russo se sert des termes « balance commerciale » et « balance économique » (op. cit., p. 53) comme synonymes des mots « balance du commerce » et « balance internationale des comptes » (ou « équation des dettes » ), en donnant une excellente analyse des facteurs de la « balance économique » (pp. 55 et s.).
  2. Cherbuliez, Précis de la science économique et de ses principales applications, 1862, t. I, 1. II, ch. viii ; — Cournot, Principes de la théorie des richesses, 1863, 1. III, ch. iv-vi ; — Vilfredo Pareto, Cours d’économie politique, 1897, nos 852-892.
  3. Block, Progrès de la science économique depuis Adam Smith, 2e éd., 1897, t. II, p. 171.