politique, parce que leur idéal de régime industriel implique tout d’abord une modification des conditions actuelles du travail et de la société. À cela, d’après Cairnes, la véritable économie politique demeure in différente[1].
Le défaut de Cairnes, c’est d’isoler trop complètement l’économie politique de la vie concrète et réelle, pour l’enfermer dans un monde d’abstractions ; c’est, en autres termes, de la disposer à nous apparaître beaucoup trop comme une science hypothétique — défaut que l’école mathématique accentuera davantage encore.
Quant à la formule des non-competing groups, elle n’est pas sans renfermer une sérieuse menace contre la théorie ricardienne de la rente. En effet, bien que j’admette que les détenteurs des blés apportés de divers pays sur un même marché ferment entre eux tous un groupe concurrent, et bien que j’admette que la loi d’indifférence s’applique entre eux pour les obliger à mettre leurs blés en vente à un prix uniforme[2], rien ne me prouve cependant que les divers producteurs de ces blés — par exemple les salariés et les entrepreneurs de culture de la Beauce, des Flandres ou de la Guyenne, à plus forte raison ceux de Russie, d’Australie et d’Amérique — aient formé entre eux tous un competing group unique, avec égalité de salaires, de profits et de loyers de capitaux. Donc, les supériorités de fertilité, ou de proximité de certaines terres peuvent fort bien n’avoir pas tourné au profit des propriétaires et n’avoir engendré de rente d’aucune sorte[3]. Cette hypothèse est même certainement la plus vraisemblable, pour ne pas dire qu’elle est la plus exacte.
Nous allons retrouver Cairnes dans la discussion de la valeur internationale.
- ↑ Cairnes, Essays in political economy theoretical and applied, pp. 252 et s. trad. fr., p. 31. — Voyez aussi Price, History of political economy in England, pp. 186 et s.
- ↑ Voir nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 493.
- ↑ Nous avons développé déjà ces considérations dans nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 500-501.