une loi morale, loi que nous enfin, chrétiens, nous lisons aux premières lignes de la Genèse, dans le verset Replete terrant et subjicite eam. Quant à la loi de la coopération, si nous l’acceptons aussi, nous ne voulons pas cependant qu’on en déduise la nécessité ou le devoir d’une évolution vers le socialisme. On nous dit sans doute que ce socialisme doit sortir d’une notion toujours plus nette de la solidarité sociale ; dans le monde universitaire et dans le monde politique, ce grand mot de solidarité sociale et autres analogues jouissent bien aussi d’une faveur toujours croissante. Mais nous n’en craignons pas moins, quant à nous, que leur abus ne fasse oublier à l’homme son individualité morale, sa conscience d’être libre et responsable et par conséquent aussi ses devoirs et ses vrais droits[1].
Mill se propose ensuite d’étudier séparément : 1° les variations futures des valeurs ; 2° les variations futures des prix ; 3° la répartition future du produit, avec partage du produit industriel entre les ouvriers et les fabricants, et du produit agricole entre les laboureurs salariés, les fermiers et les propriétaires.
En ce qui concerne les valeurs, celles-ci ne changeront pas respectivement entre elles, à mesure que les richesses seront obtenues avec moins d’efforts grâce à la loi des progrès simultanément accomplis dans l’ordre des inventions scientifiques et dans l’ordre de la sécurité et de la coopération. Les situations respectives demeureront donc les mêmes. Toutefois, si la population s’accroît, la loi du rendement moins que proportionnel de l’agriculture devra augmenter la valeur des denrées alimentaires relativement à celle des produits manufacturés. Encore sera-t-il bon d’assimiler aux denrées alimentaires ceux des produits industriels dans lesquels une matière première tirée du sol ou du sous-sol forme un élément capital
- ↑ Nous nous expliquerons plus loin sur la solidarité, infra, IIIe partie, ch. ii.