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mobilisées[1]. Storch décompose pareillement le profit d’entreprise en salaire d’entrepreneur et intérêt de capital ; en quoi, confondant entrepreneur et capitaliste, il se trompe bien évidemment[2]. Antérieur à Ricardo, il ne soupçonne rien de la rente différentielle. Mais comme lui il croit à un salaire nécessaire : ce dernier varierait selon les industries, et, outre l’entretien de l’ouvrier, il devrait comprendre aussi le renouvellement de la classe ouvrière : on aurait ainsi et très clairement la loi, non pas morale, mais tout simplement économique, de ce qui est appelé aujourd’hui le salaire familial absolu et moyen[3].

Le véritable intérêt que Storch présente encore actuellement, c’est la description d’un régime économique et social fort différent de celui de l’Angleterre et de la France[4] ; et Storch en prend occasion pour exprimer sa conviction, que « c’est rendre un service essentiel à l’économie politique et fournir de nouvelles preuves évidentes à ses principes, que de montrer qu’ils se vérifient ici comme ailleurs[5] ».


II

VON THÜNEN

En Allemagne, l’esprit le plus original de cette période, c’est sans contredit l’agronome prussien von Thünen (1780-1851), célèbre par sa théorie de « l’État isolé » et par sa thèse, presque nouvelle alors, du rapport entre les salaires et la productivité du travail.

Grand propriétaire foncier à Tellow, en Poméranie, Thünen se demande s’il y a des principes généraux qui puis-

  1. L. III, ch. xi, t. I, p. 354.
  2. L. III, ch. xiii, t. I, pp. 377 et s.
  3. L. III, ch. iv, t. I, pp. 290 et s.
  4. Voir surtout le tome IV de l’édition française.
  5. Préface, t. I, p. xi.