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M. Bosanquet. En 1815, dans ses Propositions pour une circulation monétaire économique et sûre, il concluait en faveur de l’échange libre des billets de la Banque d’Angleterre, non pas contre de l’or monnayé, mais contre des lingots d’or, Ce qui, tout en supprimant le cours forcé des billets, aurait donné la certitude que le public n’eût pas abusé de leur convertibilité[1].

Son œuvre capitale — Principes de l’économie politique et de l’impôt — parut en 1817.

Dans les dernières années de sa vie, nous avons encore à signaler de lui un Essai sur le système de dettes consolidées et sur l'amortissement (1819) — attaque contre les caisses d’amortissement du système Walpole[2] — et diverses publications relatives à l’agriculture. L’Essai sur l’influence du bas prix des blés sur les profits du capital et l’opuscule De la protection accordée à l’agriculture nous montrent Ricardo partisan d’une atténuation des droits sur les blés étrangers : il était convaincu que l’abaissement du prix du blé devait se traduire par une baisse corrélative des salaires ouvriers, et que l’adoucissement des cornlaws devait donner une plus grande fixité aux cours des céréales. Quand la mort le surprit, il venait d’ébaucher le Plan d’une banque nationale, qui fut publié seulement après lui. Ricardo y demandait que l’État, par l’organe d’une commission parlementaire, eût l’émission des billets, tandis qu’une banque d’actionnaires aurait gardé les opérations d’escompte. On peut trouver dans ce programme

  1. Parlant de cette proposition de Ricardo de déclarer les billets « convertibles, non en espèces, mais en lingots de poids et de pureté étalonnés », M. Espinas (Histoire des doctrines économiques, p. 297) affirme que « c’est le système employé de nos jours pour la garantie des billets de la Banque de France ». Il y a erreur : jamais ils n’ont été convertibles en lingots ; quant à la garantie — chose absolument différente de la convertibilité à laquelle songeait Ricardo — ni la loi de 1857, ni aucune de celles qui depuis lors ont élevé la limite de la circulation, n’ont exigé la couverture métallique. M. Espinas, professeur à la Faculté dès lettres, est insuffisamment au courant des questions de finances et de droit.
  2. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édit., p. 747.