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nous n’y revenions pas[1] : elles appartiennent actuellement aux éléments de l’économie politique, beaucoup plus qu’à une histoire des doctrines économiques.

C’est le livre III qui est, après les chapitres i et ii du livre I, la partie la plus importante du volume. Malthus y commence par réfuter les formules socialistes de Wallace[2] et de Condorcet. Contre ce dernier et contre son projet de créer et d’alimenter par l’impôt une caisse nationale de retraités pour la vieillesse[3], Malthus objecte que non seulement la certitude de ces retraites émousserait la prévoyance individuelle, mais encore qu’elle aurait le défaut d’encourager outre mesure le développement de la population[4]. L’auteur, passant ensuite à la discussion des idées de Godwin explique très clairement la forme sous laquelle lui-même envisage un problème dont l’existence en soi ne saurait être contestée. « Je sais fort bien, dit-il, que les millions excédant dont j’ai parlé n’ont jamais existé. C’est une observation parfaitement juste de M. Godwin, « qu’il y a dans la société, humaine un principe par lequel la population est perpétuellement maintenue au niveau des moyens de subsistance ». La seule question qui reste à résoudre, est celle-ci : Quel est ce principe ?[5] » Le livre se termine par une critique de la taxe des pauvres, par une critique économique du principe même de l’aumône (ce qui est une page fâcheuse de Malthus)[6], et

  1. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édit, pp. 599 et s.
  2. Robert Wallace, partisan de la communauté des biens, avait abordé ces sujets dans le volume Various prospects of mankind, nature and production (1761).
  3. Voyez plus haut, p. 248.
  4. Op. cit., pp. 319-320.
  5. Ibid., p. 334.
  6. « Il est probable qu’en diminuant un peu les maux individuels ou a répandu la souffrance sur une surface beaucoup plus étendue… Il peut paraître étrange qu’avec de l’argent on ne puisse pas améliorer la condition du pauvre sans abaisser d’autant celle de la société. Mais quelque étrange que cela puisse paraître, je crois que c’est la vérité. Si je fais un retranchement sur la nourriture de ma famille et que je donne à un pauvre ce dont je me prive, en le mettant à l’aise je n’impose de privations qu’à moi-même