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II. Concept économique de la production et de la consommation. — Qu’est-ce que produire ? Qu’est-ce que consommer ? Questions élémentaires auxquelles les physiocrates avaient oublié de répondre. Eh bien, produire, c’est ajouter de l’utilité ; consommer, c’est en ôter[1]. Puis viennent les diverses catégories de consommations. Celles-ci sont publiques ou privées ; elles sont improductives, c’est-à-dire stériles ou de jouissance, ou bien au contraire productives. Consommation de jouissance est synonyme de dépense, dans le langage usuel[2].

Tout cela est devenu élémentaire, en restant absolument classique.

III. Rôle de l’entrepreneur. — C’est J.-B. Say, aussi, qui a isolé et analysé le rôle de l’entrepreneur, en le détachant nettement de celui du capitaliste. Les recherches du savant, les applications de l’entrepreneur, l’exécution par l’ouvrier, voilà les trois opérations dont l’ensemble constitue toute production industrielle[3].

La notion du profit d’entreprise, bien distincte de celle du loyer ou intérêt du capital, devait nécessairement en sortir. J.-B. Say la dégage, en remarquant fort bien la confusion que les économistes anglais avait faite jusque là. Ils y ont néanmoins persévéré encore un demi-siècle après lui[4].

    pp. 113-116)… « Il en est d’autres (capitaux) qui sont productifs d’utilité où d’agrément… De ce nombre sont les maisons d’habitation, les meubles, les ornements qui ne servent qu’à augmenter les agréments de la vie. L’utilité qu’on en tire est un produit immatériel » (Traité, 1.1, ch. xiii, 2e éd., p.120).

  1. Traité, 1. I, ch. i. — Cours complet, 1. I, ch. iv, t. I, p. 81.
  2. Cours complet, VIIe partie, ch. ii et iii, t. II, pp. 201 et 208.
  3. Traité, 1. I, ch. vi. — Cours, Ire partie, ch. vi.—Voir nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 133 et s.
  4. Cours, Ve partie, ch. vii, t. II, p. 27. « Les auteurs anglais, dit-il en note à cet endroit, du moins ceux qui sont antérieurs à l’époque où nous sommes, faute d’une analyse complète, comprennent (dans les profits de l’industrie) les profits qui résultent des capitaux. Ils confondent ainsi l’action de plusieurs causes très diverses. Aussi le mot anglais profits signifie-t-il les profits réunis qu’un homme tire de son capital et de son industrie » (Comparez Traité, 1. II, ch. vii et viii en entier). — Cependant, comme nous l’avons fait déjà remarquer, Turgot avait dit : « Il faut que, outre l’intérêt de son capital, l’entre-