Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces « fonds », c’est le capital et les approvisionnements, approvisionnements que Ricardo, un peu plus tard, rangera très nettement parmi le capital.

Smith fait ici des distinctions aussi heureuses que nouvelles, et il introduit dans la science des concepts vraiment féconds.

Les produits du travail, selon lui, peuvent être destinés, soit à une consommation immédiate, soit à quelque autre usage : dans ce dernier cas, ils constituent un fonds ou « stock »[1]. Puis, un peu plus nettement encore, il oppose le capital à « la portion (du produit) réservée pour servir immédiatement à la consommation et dont le caractère distinctif est de ne point rapporter de revenu ou de profit[2] ». Il met dans cette dernière catégorie les maisons, qui, donnant un revenu à leur propriétaire sans donner de nouvelles richesses à la société, ont été, depuis lors, classées très justement dans le capital lucratif ou privé, par opposition au capital productif ou social.

Le capital proprement dit — maisons non comprises — se subdivise en capital fixe et capital circulant. De chacun des deux, Adam Smith cite quatre catégories différentes, en comprenant, il est vrai, parmi le capital fixe, les qualités personnelles acquises par le travail[3]. Ce chapitre est un des plus nets et des plus originaux de tout l’ouvrage : il est trop souvent cité et trop présent à toutes les mémoires pour que nous entrions dans de nouveaux détails à son sujet[4]. Mais on trouvera peut-être étrange que Smith eût déjà expliqué au livre I les profits du capitaliste, avant d’avoir défini le capital et énuméré les diverses sortes de capitaux. Il y a là un défaut de logique dans l’arrangement des parties.

La suite de ce livre II n’a pas la même valeur, malgré

  1. Ibid., 1. I, ch. I, p. 336.
  2. Ibid., pp. 338 et s.
  3. Ibid., pp. 340 et 341.
  4. Voir nos Éléments d’économie politique, 2e édit., pp. 152 et s.