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a tout aussi bien reproduction de valeur et de richesse, quand la terre, l’air et l’eau se transforment en grains dans les champs, que lorsque, par la main de l’homme, la sécrétion d’un insecte se transforme en velours où que quelques petits morceaux de métal sont organisés de manière à former une montre[1]. » Il est impossible de mieux dire, surtout dans l’état où était alors la chimie. Par conséquent, quoi qu’en pense Stuart Mill[2], ce n’est point à James Mill son père que revient l’honneur d’avoir fait le premier cette observation.

Même pour l’Italie, bien d’autres noms seraient à citer : nous n’en ajouterons plus qu’un, celui d’Ortès[3], auteur original qui, d’une part, devance Stuart Mill dans l’énoncé du rendement non proportionnel de l’agriculture et Malthus dans l’inquiétude d’une population trop nombreuse, et qui, d’un autre côté, semble plus porté à demander des réformes dans la répartition que des accroissements dans la production. Ortès, dans son Economia nazionale (1774), s’écarte très heureusement des hérésies mercantilistes qui étaient encore en faveur.

En Allemagne, le mercantilisme conserva plus longtemps son empire. Plus ou moins absolu ou mitigé, c’est lui qui domine dans Justi (1702-1771), professeur de caméralistique au Theresianum de Vienne, puis à Goettingen, auteur d’une Staatswirthschaft remplie de conseils pratiques aux gouvernants, et dans l’Autrichien Sonnenfels (1733-1817), auteur des Grundsœtze der Polizei, Handlung und Finanz[4].

Mais celui que le principal historien de l’économie

  1. Op. cit., p. 3.
  2. Principes d’économie politique (1848), 1. I, ch. I. — L’erreur de Stuart Mill est d’autant plus singulière que les Principes d’économie politique de Mac-Culloch, parus en 1825, avaient déjà relevé dans Verri cette observation, aussi exacte dans le fond que féconde en conséquences (Mac-Culloch, op. cit., édition Guillaumin, t. I, p. 49).
  3. Giammaria Ortès, prêtre vénitien (1713-1790).
  4. Publiés en 1765.