Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sienese, écrit en 1730 et publié seulement en 1775, ne fut pas sans influence sur les saines réformes administratives qui furent appliquées à la Toscane à la fin du xviiie siècle ; c’est Genovesi, de Naples, qui occupa, comme professeur de « commerce et art industriel », la première chaire d’économie politique qui ait existé[1] ; c’est le fameux criminaliste Beccaria, qui contribua, par son traité Des délits et des peines, à déterminer la réforme de l’ancien droit pénal et dont les Elementi di economia pubblica, écrits en 1769-1771, mais publiés seulement en 1804, c’est-à-dire dix ans après la mort de leur auteur, portent l’empreinte évidente de l’esprit physiocratique qui régnait d’une manière exclusive au moment de leur composition[2] ; c’est Verri (1728-1797), ami de Beccaria et auteur des Meditazioni sull’economia politica (1771), très diversement appréciées, il est vrai, mais émaillées de formules neuves et de vues originales. Verri combat par exemple d’une manière heureuse la théorie des physiocrates sur la stérilité des industries de transformation. « La production, dit-il, naît des manufactures comme du travail des champs. Tous les phénomènes de l’univers, qu’ils soient produits par la main de l’homme ou par les lois universelles de la physique, nous donnent l’idée, non d’une création actuelle, mais uniquement d’une modification de la matière. Rapprochement et séparation sont les seuls éléments que l’esprit humain découvre dans l’analyse de l’idée de reproduction ; et il y

    politique du moyen âge de Cibrario. — Il faut surtout étudier l’Histoire des doctrines économiques de Cossa, dans laquelle l’analyse des auteurs italiens tient naturellement une très grande place (tr. fr., pp. 255, 290 et s., etc., etc.).

  1. Genovesi (1712-1769,), auteur de Lezioni di commercio ossia di economica civile.
  2. Beccaria, d’autre part, a eu le tort de ne pas justifier assez soigneusement la propriété : il a sanctionné en quelque sorte l’opinion de Rousseau et de Mably, en admettant que si l’institution de la propriété est avantageuse aux propriétaires, elle peut bien être funeste aux pauvres. Il caractérise le vol en l’appelant « il delitto di quella infelice parte di uomini a cui il diritto di proprietà (terribile e forse non necessario diritto) non ha lasciato che una nuda esistenza » (Dei delitti e delle pene, § 22).