partout où se montre le travail, Graslin veut l’impôt multiple, frappant à la fois les denrées du sol et les produits du travail, les revenus de l’agriculture et les bénéfices de l’industriel et du commerçant[1]. Nous ne suivrons Graslin ni dans le fondement rationnel qu’il assigne à la légitimité de l’impôt en général, ni dans l’étude des taxes qu’il recommande. Notons seulement qu’il tient pour l’impôt progressif, ce qui lui a valu d’être pris pour un socialiste par M. Lichtenberger[2]. Il fondait la progressivité sur le devoir de l’État de proportionner l’impôt aux besoins décroissants, plutôt qu’aux biens croissants du contribuable, et cela, selon la thèse toute moderne de l’égalité des sacrifices, que sans le savoir on lui a empruntée[3].
Graslin combattit ensuite l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques de Mercier de la Rivière, par des articles que publièrent la Gazette du commerce et le Journal de l’agriculture. Ici il eut le dernier mot. Mais finalement le silence se fît sur son nom et ses opinions. Quoi qu’il en soit, « la part de blâme, peut-on dire aujourd’hui avec l’auteur qui vient de l’exhumer de l’oubli, est bien petite et l’écrivain nantais mérite de justes éloges[4]. »
L’attention vient aussi d’être appelée sur un autre contemporain dont les idées en matière de libre-échange sont tout à la fois plus nettes et plus profondes que celles des physiocrates. C’est Isaac de Bacalan (1736-1769), d’abord conseiller au Parlement de Bordeaux, puis intendant du commerce en 1767, auteur des Paradoxes philosophiques sur la liberté du commerce qui, écrits en 1764, ont, été publiés pour la première fois en 1903[5].
On peut ramener aux propositions suivantes les idées de
- ↑ Graslin, op. cit., IIe partie et surtout le ch. III, p. 258.
- ↑ Lichtenberger, le Socialisme au XVIIIe siècle, 1895, p. 320.
- ↑ « Graslin, dit M. Lichtenberger, a mieux compris et exposé la progressivité que personne au XVIIIe siècle » (Lichtenberger, loc. cit.).
- ↑ Desmars, op. cit., p. 223.
- ↑ Par M. Sauvaire-Jourdan, à la suite de son travail Isaac de Bacalan et les idées libre-échangistes en France vers le milieu du XVIIIIe siècle, 1903.