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2° l’édit du 6 février 1776, pour la suppression de la corvée et son, remplacement par des impositions ; enfin, 3° un autre édit plus fameux du même jour, 6 février 1776, pour l’abolition des jurandes et des maîtrises.

L’édit du 13 septembre 1774 proclame la liberté du commerce et de la circulation des grains ; il supprime absolument les achats pour le compte du roi ; enfin il autorise la libre sortie des blés entrés en France, mais sans permettre l’exportation proprement dite. Sur ce dernier point Turgot ne pouvait ou n’osait revenir à l’édit de L’Averdy de 1764. De plus les « règlements particuliers à la ville de Paris » étaient maintenus. Un peu plus tard il suspendit les droits d’octroi sur les grains et farines dans les généralités où sévissait alors la disette, Paris excepté (juin 1775) ; il abrogea le « droit de rêve », qui se percevait sur toutes les marchandises, grains et autres, qui sortaient ou ressortaient de Lyon (septembre 1775), et finalement il supprima les offices sur les ports, quais, halles et marchés de Paris (février 1776).

Mais la récolte de 1774 fut très mauvaise, et les adversaires de Turgot exploitèrent contre lui les hauts prix qui en furent la conséquence et que ses primes à l’importation, n’avaient point conjurés[1]. La question des blés, envenimée par les adversaires de Turgot, provoqua des troubles à Dijon, en avril 1775, puis une émeute à Versailles — c’est ce qu’on appela, avec exagération, la « guerre des farines ». — De son côté, la suppression des corvées allait atteindre, comme disait l’édit, « les privilégiés, qui possèdent une grande partie des propriétés foncières du royaume », bien que pour la taxe de remplacement que cette mesure exi-

    traiter les affaires de commerce, ont des moyens et des ressourcés qui manquent aux administrateurs les plus éclairés et les plus actifs. » — Il y aurait d’autres raisons aussi à invoquer contre l’ingérence de l’État. Mais la grande différence sera toujours l’absence de stimulant personnel, sans lequel l’esprit d’initiative et d’invention ne peut être qu’exceptionnel.

  1. Arrêt du Conseil du 25 avril 1775.