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de gagner leur vie, et qu’il obligea les propriétaires à garder et à nourrir leurs colons partiaires, sous peine de fournir, soit en argent, soit en nature, pour chaque colon renvoyé, l’entretien de quatre pauvres.

Mais il faut nous arrêter ici pour reprendre cette question des blés, sans laquelle le mouvement économique du XVIIIe siècle en France resterait à peu de chose près un livre fermé.

Maynon d’Invau, qui en 1768 avait remplacé L’Averdy au contrôle général et qui, malgré quelques préventions contre le système des économistes[1], rappelait plutôt Bertin, donna sa démission de contrôleur général des finances en décembre 1769. Il eut pour successeur le trop fameux abbé Terray.

À ce moment treize ports — sur trente-six au début — restaient seuls ouverts à l’exportation des blés. En juin 1770, le Conseil interdit sévèrement l’exportation par toute frontière quelconque ; puis Terray exprima l’intention de limiter la circulation intérieure ; enfin le Conseil, en décembre 1770, sans abroger formellement la déclaration de 1763, en réduisit à néant les dispositions essentielles et replaça, de fait, le commerce des grains sous le régime des ordonnances et règlements d’autrefois, avec « défenses d’enarrher ni acheter les blés et autres grains en vert, sur pied et avant la récolte », défenses même « d’aller au devant de ceux qui amèneront les blés au marché[2] ».

Le service des « blés du roi » prenait une importance inattendue[3]. La « commission pour les blés » faisait effectuer des achats dans les provinces, en violation des règlements et au détriment des populations locales.

  1. De Montyon, cité par Afanassiev, Commerce des céréales en France au XVIIIe siècle, p. 236 en note.
  2. Voyez pour le texte et les détails, Afanassiev, op. cit., pp. 182 et s.
  3. Pour toute cette phase de la question des blés, étudier Afanassiev, op. cit., pp. 318 et s.