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male (1747), s’était déclaré très nettement pour la liberté, pour l’immortalité de l’âme et pour les sanctions de la vie future, en ajoutant que « toutes ces connaissances et ces réflexions s’accordent parfaitement avec les lumières de la révélation, et qu’elles concourent aussi à nous avertir de nous tenir sur nos gardes, dans l’attente d’une vie future qu’elles nous dénoncent et qu’il est très important de prévoir[1] ».

Le marquis de Mirabeau (1715-1789), père du fameux tribun, fut un esprit original, mais désordonné et sans repos ni méthode. En 1757, il donna l’Ami des hommes, Traité de la population, ouvrage mal disposé, d’où il ressort que la vraie richesse ne consiste que dans la population, que la population dépend de la subsistance et que la subsistance ne peut être tirée que de la terre[2]. Mais cet ouvrage, au dire de Dupont, « n’est point dans les principes de la science économique ; Il les contredit même entièrement, puisque le fond de son plan est de regarder la population comme la source des richesses, et non les richesses comme la cause de la population[3]. »

Au fond, il y a bien en lui de ces deux points de vue à la fois. Il pense avec les « économistes », que « les hommes multiplient comme les rats dans une grange, s’ils ont les moyens de subsister[4] » ; mais il est vrai qu’il pose ailleurs cet aphorisme que « les richesses se trouvent partout où il y a des hommes[5] ». Associant les deux idées, il préconise le développement de l’agriculture et blâme, énergiquement tout

    M. Quesnay de Beaurepaire, qui fut procureur général à la Cour d’appel de Paris et à la Haute Cour de 1889 ; on y retrouve aussi l’origine du pseudonyme littéraire — Jules de Glouvet — sous lequel M. de Beaurepaire a écrit quelques-uns de ses romans.

  1. T. III de l’Essai physique. — Voyez Oncken, p. 792.
  2. Sur Mirabeau, étudier l’excellent volume de M. Lucien Brocard, les Doctrines économiques et sociales du marquis de Mirabeau dans « l’Ami des hommes » , 1902.
  3. Dupont, Notice abrégée sur l’année 1758.
  4. Op. cit., 1re partie, ch. II, t. I, p. 19 (édition de 1758.)
  5. Op. cit., 1re partie, ch. VIII, t. I, p. 189.