Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

LES DOCTRINES PHYSIOCRATIQUES

Si nous cherchons à grouper les idées communes des physiocrates autour de quelques points principaux, nous les ramènerons aux suivants :

1° L’existence d’un ordre naturel des sociétés ;

2° La prépondérance de l’agriculture, considérée comme l’unique industrie productive ;

3° La justice et la nécessité du despotisme légal.

Mais est-il juste de les regarder comme les fondateurs de la théorie du libre-échange ? C’est ce que nous verrons, en étudiant leurs idées sur le commerce extérieur et les droits de douane.

Premier principe. — Ordre naturel des sociétés.

Il y a un certain ordre naturel qui doit être respecté, et les lois humaines, si elles le troublent, font le malheur des peuples.

Quesnay affectionnait cette maxime :

Ex natura jus, ordo et leges ;
Ex homine arbitrium, regimen et coercitio.

Dupont avait mis cet aphorisme comme épigraphe en tête de la Physiocratie. Les économistes y trouvaient une arme générale pour combattre les procédés administratifs des gouvernements de leur temps. Quesnay inscrivait presque à la première ligne de ses Maximes générales cette formule : « Que la nation soit instruite des lois générales de l’ordre naturel, qui constituent le gouvernement évidemment le plus parfait[1] » ; et Mercier de la Rivière

  1. Maximes générales du gouvernement économique d’un royaume agricole et notes sur ces maximes, 1758, maxime II°. — Cependant, d’après M. Sauvaire-Jourdan [Isaac de Bacalan et les idées libre-échangistes en France vers le milieu du XVIIIe siècle, 1903, p. 21), « la notion d’ordre naturel