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tations locales et les droits d’octroi aux barrières des villes ; 4° l’administration des Mes du roi, système d’approvisionnement public que la couronne avait institué pour pouvoir subvenir, en cas de nécessité, aux besoins des villes et pour pouvoir en tout temps peser sur les cours par des achats et des ventes[1].

Mais l’avènement de la liberté souleva de violents orages. Seuls les Parlements de Toulouse et du Dauphiné applaudirent, à la réforme. Quant à celui de Paris, non content de protester avec ceux de Bordeaux et de Dijon, il se préparait à rendre un peu plus tard, en 1769, un arrêt pour obliger les marchands, comme par le passé, à se faire inscrire et à assurer l’approvisionnement. Turgot, en 1770, quand il fut intendant du Limousin, se vit encore réduit à briser la résistance du lieutenant de police d’Angoulême, qui prétendait contraindre les particuliers à se déposséder de leurs grains et à les porter au marché.

Dans l’intervalle Bertin avait cédé la place à L’Averdy. À ce dernier on doit deux choses : l’édit du 19 juillet 1764 et le fameux traité Malisset.

Par l’édit de 1764, l’exportation était permise, soit par terre, soit par mer, moyennant un droit ad valorem de 1/2 % toutes les fois que le blé ne valait pas plus de 12 livres 10 sous le quintal (ou 30 livres le setier de Paris) — ce qui correspondait, en poids et monnaie actuels, à 24 fr. 90.

  1. Marseille (qui était d’ailleurs « à l’instar de l’étranger effectif » ) eut un « Bureau d’abondance » fondé sur la fin du XVIIe siècle, et celui-ci subsista, avec certaines intermittences, jusqu’à la fin de l’ancien régime. À Lyon, la « Chambre de la Direction de l’abondance », fondée en 1643, dura jusqu’en 1777. Elle achetait et revendait des blés, avec renouvellement d’un stock variable en quantités, aux frais et risques du Consulat. — Le pire effet de toutes ces organisations, c’est que, par la supériorité de leurs moyens et l’impossibilité de la concurrence, elles anéantissaient le commerce libre : mais, une fois entrées dans cette voie, elles étaient obligées d’y aller beaucoup plus loin qu’elles, n’auraient voulu. « Le commerce des grains, dit Turgot dans son Mémoire au roi de janvier 1776, était presque anéanti dans la ville de Lyon, par rétablissement des greniers d’abondance et par de très gros droits (droits de rêve) imposés au passage de cette denrée » (Turgot, Œuvres, éd. Guillaumin, t. II, p. 245). — Sur ces greniers d’abondance, voyez Afanassiev, op. cit., pp. 405 et s.