mine nécessairement la grandeur comparative des royaumes et des États[1]. » Cantillon est donc nécessairement mercantiliste, partisan des balances de commerce favorables, non seulement avec le souci des excédents d’exportations, mais aussi avec la préférence donnée, entre les exportations, à celles des produits manufacturés ou industriels, parce que dans ceux-ci « entre peu de produit de terre ». De cette manière, l’on aura la richesse sous ses deux formes, l’une « en elle-même » et l’autre « comparative », avec une nombreuse population.
Mais Cantillon est allé beaucoup plus loin dans cette analyse des résultats d’une balance du commerce. Est-ce qu’un pays pourra recevoir indéfiniment des excédents de numéraire en ayant indéfiniment des excédents d’exportations ? Eh bien, non ! Devenu trop abondant, l’argent achètera moins, de telle sorte que le pays, encombré d’une monnaie à pouvoir réduit, verra moins d’étrangers affluer sur ses marchés, tandis que lui-même sera sollicité plus vivement d’aller acheter sur des marchés étrangers, où son argent aura un pouvoir plus considérable que sur le marché national. D’où cette conséquence qu’à un mouvement dans un sens devrait logiquement succéder, dans une autre période, un mouvement en sens opposé[2].
Par ailleurs, Cantillon, négociant et banquier de son état, était trop homme d’affaires pour ne point voir que la théorie quantitative est dérangée forcément par l’action des facteurs les plus divers, au nombre desquels il faut placer, dans un sens, la vitesse de circulation de la monnaie et dans un autre l’accroissement de la population et des affaires, en un mot ici l’augmentation de l’emploi de l’argent[3].
D’autre part, la question des blés a joué un rôle trop important dans la formation des doctrines physiocratiques