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que) et il fondait la Compagnie d’Occident, au capital de 100 millions, payables en billets d’État.

Le 4 décembre 1718, la conversion de la Banque générale en Banque royale, avec rachat de ses actions, dévoile le plan que Law poursuit depuis deux ans. Ce plan, c’est de remplacer la monnaie métallique par des billets de banque moralement gagés sur le crédit de l’État. Un arrêt du Conseil autorise la Banque à émettre des billets au profit du gouvernement ; et la défense de payer plus de 600 livres en monnaie métallique dans les villes où la Banque a créé des succursales, l’interdiction de transporter de la monnaie dans ces mêmes villes, l’obligation imposée aux comptables de l’État d’y tenir leur caisse en billets, enfin la nullité des offres réelles qui auraient été faites en numéraire, toutes ces mesures faisaient ressortir l’ostracisme dont le métal était frappé.

Parallèlement à la Banque, la Compagnie d’Occident se développait. En mai 1719, elle fusionnait avec toutes les Compagnies coloniales alors existantes, pour prendre le nom pompeux de Compagnie des Indes. En même temps elle étendait son objet : investie déjà depuis 1718 du monopole des tabacs, elle entreprenait la refonte des monnaies ; puis elle faisait résilier une adjudication que les frères Paris avaient obtenue deux ans auparavant, et elle se faisait ainsi substituer à eux pour la ferme générale des impôts. Toutes ces transformations entraînaient la création d’actions nouvelles. Comme d’une part les propriétaires d’actions anciennes dites mères pouvaient seuls participer aux émissions des filles et des petites-filles, il en résultait la hausse des anciennes actions ; et comme, d’autre part, ces actions nouvelles ne pouvaient être libérées qu’en billets de banque, le numéraire en vint à perdre un moment jusqu’à 10 % sur les billets.

Tout cela ne devait avoir qu’un temps. La chute était inévitable, puisque les bénéfices industriels et commerciaux de la Banque, joints à ceux de la Compagnie des Indes, de-