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fiefs, amendes, douanes aux frontières et impôts volontaires (ces derniers seraient des taxes de consommation sur les objets d’usage facultatif ou objets de luxe, tels que tabac, thé, café, etc.).

La Dîme royale fut composée en 1698-1699 et probablement communiquée au roi en manuscrit. Elle ne fut imprimée qu’à la fin de 1706, quelques semaines avant la mort du maréchal, et la condamnation que le Conseil du roi porta contre le livre, hâta sans doute la fin du maréchal.

Vauban se recommande par son talent d’observation et par sa touchante sollicitude pour les pauvres. L’histoire nous l’a dépeint comme extrêmement ménager de la vie de ses hommes ; et l’écrivain, chez lui, ne le cède en rien au capitaine.

Mais Vauban ne s’élève pas encore au dessus des conceptions économiques de ses contemporains : il regarde le pays « comme une forteresse dont le roi doit assurer la subsistance » ; persuadé, comme tous ses contemporains, que la France récoltait normalement du blé pour deux ans au moins, il recommande les greniers d’abondance qui doivent parer aux disettes ; et si ami qu’il soit de la liberté du commerce à l’intérieur, il est purement mercantiliste pour le commerce extérieur. « Le commerce, dit-il, qui nous peut apporter du nouvel argent, ne saurait être recherché avec trop de soin. Le commerce étranger ne peut être permis que pour les marchandises nécessaires à la vie, à l’habit, à de certaines médecines, et à de certaines fabriques, dont les matériaux ne se trouvent pas chez nous. Il doit être défendu, quand, pour des marchandises qui ne regardent que le luxe et les modes, il sort plus d’argent du royaume qu’il y en apporte ; mais celui qui nous peut apporter du nouvel argent ne saurait être recherché avec trop de soin[1]. »

  1. Mémoire sur le commerce du Languedoc, Oisivetés, t. I, p. 82.