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IV

VAUBAN ET BOISGUILBERT

En France, des calamités de tout genre marquaient la fin du règne de Louis XIV, où la détresse des campagnes, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, avait surtout sa cause dans un déplorable système de fiscalité. Cette situation dirigea du côté des questions économiques l’attention de deux hommes, Vauban et Boisguilbert[1], en qui l’on se plaît souvent à voir les prédécesseurs immédiats des physiocrates. C’est faux, à coup sûr, de Vauban ; c’est même fort exagéré en ce qui concerne Boisguilbert.

Vauban[2] sortait d’une famille très pauvre de la petite noblesse de province. Il fait ses premières armes dans les troupes de Condé guerroyant contre le gouvernement du roi : puis il prend part à toutes les guerres du règne, parcourt la France en tout sens, et construit ou transforme cent cinquante places fortes. Promu maréchal en 1703, il se retire en 1706 et ne tarde pas à mourir, dans le chagrin que lui cause la disgrâce qu’il s’est attirée par sa Dîme royale[3].

C’est surtout ce petit volume qui a fait une place à

  1. Faut-il écrire Boisguilbert ou Boisguillebert ? La Collection des Économistes de Guillaumin, en publiant les œuvres de cet auteur, a écrit Boisguillebert ; de même Horn, l’Économie politique avant les physiocrates, en 1867 ; l’orthographe Boisguilbert tend à prévaloir maintenant (Dictionnaire de l’Economie politique ; Espinas ; Gossa ; Michel et Liesse, dans Vauban économiste ; Dubois, etc. — Contra cependant Schatz). — Dupont de Nemours écrivait déjà Boisguilbert dans la Notice abrégée, où il faisait l’histoire des écrivains de l’économie politique (Ephémérides du citoyen, n° de septembre 1769). — La Biographie générale de Didot et le Dictionnaire de Larousse donnent simultanément Boisguillebert et Boisguilbert.
  2. Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), né à Saint-Léger du Fougeret, dans l’arrondissement actuel d’Avallon.
  3. Voyez : Georges Michel et André Liesse, Vauban économiste, 1891 ; — Lœhmann, Vauban : seine Stellung in der Geschichte der National-Œkonomie und sein Reformplan, Leipsick, 1895. — Le Vauban de Lœhmann a des jugements plus entiers que celui de MM. Michel et Liesse. Il est écrit pour