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pas encore que tu es ici : à mon retour, ses flèches consumeront bientôt cette ville.

« Là, si la Mort, si les habitants du ciel avec Indra osent tenir pied devant lui, ce noble fils de Kakoutstha leur fait mordre à tous la poussière du champ de bataille !

« Plongé dans une grande affliction par ton absence de ses yeux, Râma ne trouve de calme nulle part, comme un taureau assailli par un lion.

« Troublé de ce chagrin, né du malheur qui le sépare de toi, il ne pense ni à l’héroïsme, ni à l’exercice des armes, ni à la volupté, ni aux festins. Le seul plaisir qu’il trouve est celui, Vidéhaine, que lui donne son âme en se reportant vers toi : il gémit sans cesse, femme craintive ; il se plonge mainte fois dans sa douleur profonde.

« Son âme toujours avec toi n’a pas d’autre pensée : il rêve de toi dans le sommeil ; à son réveil, il pense encore à toi. « Sîtâ ! » dit le prince d’une voix douce à l’aspect, ou d’un fruit, ou d’une fleur, ou d’un autre objet qui ravit le cœur des femmes ; et, courant saisir la jolie chose : « Ah ! mon épouse ! » fait-il, s’imaginant que c’est toi-même ! « ah ! Sîtâ ! ah ! femme au corps séduisant ! ah ! toi, de qui la vue est la merveille de mes yeux ! où demeures-tu, Vidéhaine ? où es-tu ? » s’écrie-t-il en pleurant toujours. Du moment qu’il a vu dans les nuits se lever le charme de la nature, cette lune, ravissante par l’immense réseau de ses rayons froids, les yeux de Râma ne cessent point d’accompagner jusqu’au mont Asta la reine des étoiles, car l’amour, dont il est esclave, chasse le sommeil de ses paupières ! »

Quand elle eut écouté ce discours, Sîtâ, au visage beau