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nouie ; et, quand elle eut enfin recouvré sa connaissance, cette femme aux grands yeux, Sîtâ de rouler ces pensées en elle-même : « C’est un songe ! je me suis endormie un instant, épuisée de terreur et de chagrin ; car il n’est plus de sommeil pour moi, depuis que j’ai perdu celui de qui le visage ressemble à la reine des nuits ! En effet, toute mon âme s’en est allée vers lui ; l’amour que je porte à mon époux égare souvent mon esprit ; et, pensant à lui sans cesse, c’est lui que je vois, c’est lui que j’entends, au milieu de ma rêverie.

« … Mais quelle est donc cette chose ? car un songe n’a point de corps, et c’est un corps bien manifeste qui me parle ici ! Adoration soit rendue à Çiva, au Dieu qui tient la foudre, à l’Être-existant-par-lui-même ! Adoration soit rendue même au Feu ! S’il y a quelque chose de réel dans ce que dit là cet habitant des bois, daignent ces Dieux faire que toutes les paroles en soient véritables ! »

Ensuite, Hanoûmat adressa une seconde fois la parole à Sîtâ, et, portant à sa tête les deux mains réunies, il rendit cet hommage à la Djanakide et lui dit : « Qui es-tu, femme aux yeux en pétales de lotus, à la robe de soie jaune, toi qui te tiens appuyée sur une branche de cet arbre et qui appartiens sans doute à la classe des Immortels ?

« Si tu es Sîtâ la Vidéhaine, que Râvana put un jour enlever de force dans le Djanasthâna, dis-moi, noble dame, la vérité. »

Quand elle eut ouï ces paroles d’Hanoûmat, la Vidéhaine, que le nom de son époux avait remplie de joie, répondit en ces termes au grand singe, qui était venu se placer dans le milieu du çinçapâ : « Je suis la fille du ma-