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donc faire ? se disait Hanoûmat, enfoncé dans ses réflexions. Si je ne la rassure pas entièrement aujourd’hui, elle abandonnera la vie, je ne puis en douter nullement. Et si Râma vient à me demander : « Qu’est-ce que t’a dit ma bien-aimée ? » que lui répondrai-je, moi, qui n’aurai pas causé avec cette femme d’une taille ravissante ? »

Il dit ; et, s’étant recueilli dans ses réflexions, le singe intelligent adopte enfin cette idée :

« Je vais lui nommer Râma aux travaux infatigables, et lui parler dans un langage sanscrit, mais comme on le trouve sur les lèvres d’un homme qui n’est pas un brahme. De cette manière, je ne puis effrayer cette infortunée, de qui l’âme est allée dans sa pensée rejoindre son époux. »

Le grand singe fit tomber ces mots avec lenteur dans l’oreille de Sîtâ : « Reine, que vit naître le Vidéha, ton époux Râma te dit par ma bouche ce qu’il y a de plus heureux ; et le jeune frère de ton mari, Lakshmana, le héros, te souhaite la félicité ! » Quand il eut dit ces mots, Hanoûmat, le fils du Vent, cessa ; et la Djanakide, à ces douces paroles, ouvrit son cœur au plaisir et se réjouit. Ensuite, elle, de qui l’âme était assiégée par les soucis, elle de lever craintive sa tête aux jolis cheveux annelés et de regarder en haut sur le çinçapâ. Tremblante alors et l’âme tout émue, la modeste Sîtâ vit, assis au milieu des branches, un singe d’un aspect aimable. À la vue du noble quadrumane posé dans une attitude respectueuse : « Ce que j’ai cru entendre n’était qu’un songe ; » pensa la dame de Mithila.

Mais, ne voyant pas autre chose qu’un singe, son âme défaillit : elle resta longtemps comme une personne éva-