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colère : les unes s’en vont rapporter ses discours au cruel Râvana ; les autres, furieuses à l’aspect épouvantable, s’approchent d’elle et recommencent à l’accabler de paroles outrageantes et même de paroles sinistres : « Ô bonheur ! c’est maintenant, ignoble Sîtâ, puisque tu choisis un parti funeste ; c’est maintenant que les Rakshasîs vont manger les chairs arrachées de tous les côtés sur tes membres ! »

Or, en ce moment, parlait un oiseau perché sur une branche, adressant à l’affligée mainte et mainte consolation puissante ; corneille fortunée, elle envoyait à la captive sa douce parole de « bonjour, » et semblait annoncer à Sîtâ la prochaine arrivée de son époux.


Le vaillant Hanoûmat entendit, sans que rien lui échappât, toutes ces paroles ; le fils du Vent regarda cette reine malheureuse comme il eût regardé une Déesse elle-même au sein du Nandana ; ensuite, il se mit à rouler dans son esprit mainte espèce de pensées : « Celle que les singes par milliers, par millions et par centaines de millions cherchent dans tous les points de l’espace, c’est moi, qui l’ai trouvée !

« Les convenances m’imposent de rassurer une épouse qui aspire à la vue de son époux, ce héros doué véritablement d’une âme sans mesure. Elle ne trouve pas une fin à sa douleur, elle, qui jusqu’ici n’en avait pas connu les angoisses.

« Si je m’en retourne sans avoir consolé dans son abandon cette infortunée, de qui l’âme est plongée dans la tristesse, cet oubli sera blâmé fortement comme une faute. Il m’est impossible de m’entretenir avec elle en présence de ces rôdeuses impures des nuits. Comment