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que je renie mon époux : n’est-il pas une divinité pour moi ? »

À ces mots de Sîtâ, les Rakshasîs, pleines de colère, se mettent à menacer çà et là avec des paroles féroces la malheureuse Vidéhaine. Hanoûmat, caché dans les branches du çinçapâ, entendit ces discours menaçants, que les furies déversaient à l’envi sur elle.

Les Rakshasîs irritées se penchent de tous les côtés sur la tremblante Vidéhaine, lèchent avidement Sîtâ avec ces hideuses langues, dont leur grande bouche est couverte ; et, saisissant leurs épées, empoignant leurs bipennes, lui disent, enflammées de courroux : « Si tu ne veux pas de Râvana pour ton époux, tu vas périr : n’en doute pas ! »

À ces menaces, elle de s’enfuir et de se réfugier, baignée de larmes, au tronc du çinçapâ. Là, harcelée de nouveau par les furies épouvantables, cette noble dame aux grands yeux se tient, noyée dans sa douleur, au pied du grand arbre ; mais, de tous les côtés, les Rakshasîs n’en continuent pas moins d’effrayer la Vidéhaine maigre, le visage abattu, le corps vêtu d’une robe souillée.

Ensuite une Rakshasî à l’aspect épouvantable, les dents longues, le ventre saillant, les formes encolérées, Vinatâ ou la courbée, c’est ainsi qu’elle était nommée, lui dit : « Il suffit de cette preuve, Sîtâ, que tu aimes ton époux. En tous lieux, ce qui passe la mesure est un malheur. Je suis contente de toi, noble dame : ce qu’on peut faire humainement, tu l’as fait ! Mais écoute la parole de vérité que je vais dire, Mithilienne. Accepte comme époux Râvana, le souverain de tous les Rakshasas ; ce Démon vaillant, beau, poli, qui sait dire à chacun des mots aimables ; lui, si noble de caractère, égal dans les combats