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« Il n’existe assurément aucun être, dévoué au soin d’acquérir la béatitude, qui ne veuille détourner tes pas de cette action criminelle. Il n’est, certes ! pas dans les trois mondes un autre que toi pour oser même de pensée arrêter son désir sur moi, l’épouse du sage Râma, non plus qu’il n’oserait désirer Çatchî, l’épouse de l’immortel Indra. Après que tu m’as tenu un langage tel à moi, la femme de Râma, tu verras bientôt, vil Rakshasa, quelle résolution a prise ce héros d’une vigueur sans mesure ! De même qu’un lièvre n’est pas l’égal d’un fier éléphant pour le combat : de même Râma est tel qu’un éléphant vis-à-vis de toi, et l’on te regarde, toi ! comme un vil lièvre à côté de lui.

« Quand tu viens rabaisser ainsi le rejeton d’Ikshwâkou, tu ne penses pas ce que tu dis ; car tu ne saurais tenir le pied ferme dans la région de sa vue le temps qu’a duré ta jactance.

« On ne peut m’ôter au vaillant Râma, tant qu’il vit ; mais si le Destin a voulu disposer les choses comme elles sont, ce fut pour ta mort, sans aucun doute. »

Après ces mots, Râvana, qui fait répandre tant de larmes au monde, impose un ordre à toutes les Rakshasîs épouvantables à la vue.

« Rakshasîs, leur dit-il, faites ce qu’il faut, sans balancer, à l’ordre que je vous donne ici, pour que Sîtâ la Djanakide sache bientôt obéir à ma volonté ! Employez pour la rompre tous les moyens, les présents et les caresses, les flatteries et les menaces : faites-la s’incliner vers moi à force de travaux mêmes et par de nombreux châtiments ! »

Quand il eut donné ce commandement aux furies, le