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époux, il vit la triste captive assise alors sur la terre nue : telle une liane coupée de l’arbre conjugal et tombée sur le sol.

Il vit, privée de l’usage des bains et des parfums, les membres hâlés, sa personne non parée, elle si digne de toute parure : il vit telle qu’une statue faite de l’or le plus pur, mais souillée de poussière, il vit Sîtâ fuir dans le char de ses désirs attelé avec les coursiers de la pensée vers le grand et sage Râma, ce lion des rois, qui possédait la science de son âme.

Il la vit saisie de mouvements convulsifs à son approche.

Elle parut à ses yeux comme une gloire, qui se dément, comme la foi en butte au mépris, comme une postérité détruite, comme une espérance envolée, comme une Déesse tombée du ciel, comme un ordre foulé aux pieds.

Comme un autel souillé, comme la flamme éteinte du feu, comme le croissant de la lune, dont le rayon tombe du ciel sur la terre sans nous apporter de lumière.

Il la vit accablée par sa douleur, poussant des soupirs et telle que l’épouse du roi des éléphants, qui, séparée du chef de son troupeau et tombée captive, est gardée dans un peloton de chasseurs.

Consumée par le jeûne, le chagrin, la rêverie et la crainte, maigre, triste, se refusant la nourriture, se faisant, pour ainsi dire, un trésor de macérations, en proie à la douleur et ses mains jointes à ses tempes, comme une Déesse, elle demandait continuellement au ciel de conserver la vie à Râma et d’envoyer la mort à son persécuteur.

Râvana tint ce langage avec amour à l’infortunée Sîtâ, cette femme sans joie, macérant son corps et fidèle à son