Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tueux né au milieu de ces arbres d’or. Arrivé au pied, le brave Hanoûmat se mit à rouler ces pensées en lui-même : « D’ici je verrai la Mithilienne, qui soupire après la vue de son époux, marcher à son gré çà et là, ses yeux baignés de larmes, son cœur dans la tristesse, captive et toute pantelante, comme une daine séparée de son daim et tombée sous la griffe d’un lion.

Après cette réflexion du magnanime Hanoûmat, soit qu’il cherchât dans le cercle de l’horizon l’épouse du monarque des hommes, soit qu’il jetât ses regards au pied de l’arbre couvert de fleur, Hanoûmat voyait tout, caché lui-même dans l’épaisseur de son feuillage.


L’optimate singe aux longs bras vit des Rakshasîs difformes. Les unes avaient trois oreilles, les autres avaient des oreilles comme le fer d’un épieu ; celle-ci avait d’amples oreilles et celle-là n’avait point d’oreilles ; certaines n’avaient qu’un œil et certaines qu’une oreille. Telle aurait pu s’envelopper de ses oreilles comme d’une coiffe ; telle, sur un cou long et grêle, soutenait sa tête d’une grosseur énorme : l’une avait de beaux cheveux, l’autre était chauve, les cheveux d’une autre lui faisaient comme un voile. Celle-ci était large du front et des oreilles, celle-là portait flasques et pendants le ventre et les mamelles : beaucoup avaient les dents saillantes, la bouche rompue, le visage laid et difforme.

Elles avaient la face rébarbative et le teint noir ou tanné : irascibles, amies des rixes, elles tenaient à la main des marteaux, des maillets d’armes et de grandes piques en fer.

Telle avait une gueule de crocodile, telle avait une hure de sanglier ; telle cachait une âme sinistre sous un visage