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comme si elle était Mâroute lui-même, revêtu d’une forme : « Approche ! approche-toi ! »

Hanoûmat s’avance donc : il admire cette grande et resplendissante habitation, aussi chère au cœur de Râvana qu’une noble femme adorée ; ce palais rayonnant de ses treillis d’or, au sol pavé de cristal, aux murs couverts de lambris d’ivoire, aux étages duquel on montait par des escaliers de pierreries.

« N’est-ce point ici le Swarga ? Ne serait-ce point ici le monde des Dieux ? ou le séjour de la perfection suprême ? » pensait Hanoûmat, observant mainte et mainte fois ce palais. Il vit là des lampes d’or, qui semblaient méditer, pensives comme des joueurs vaincus au jeu par des joueurs plus habiles. Il vit là des femmes d’une éclatante splendeur, assises par milliers sur des tapis dans une grande variété de costumes avec des bouquets et des robes de toutes les couleurs. Tombé sous l’empire du sommeil et de l’ivresse, quand la nuit fut arrivée au milieu de sa carrière, ce troupeau de femmes, renonçant au plaisir de ses jeux, s’endormit alors en mille attitudes. En ce moment, dans le sommeil des oiseaux, dans le silence des robes et des parures, la salle parut comme une forêt de lotus, où se taisent les abeilles et les cygnes.

Alors cette pensée vint à l’esprit du singe : « Voilà sans doute les étoiles qu’on voit tomber de temps en temps, rejetées du ciel, et qui sont venues toutes se rassembler ici ! » En effet, ces femmes rayonnaient là manifestement de la même couleur, du même éclat, de la même sérénité que les grandes étoiles à la splendeur éclatante.

Là, sur des panavas, des tambours, des cymbales, des sièges, des lits magnifiques et de riches tapis, des femmes