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pas d’ennemi, pensa le singe en lui-même, qui puisse enlever d’assaut cette ville, défendue, les armes levées à la main, par les forces de Râvana. Mais, quand je considère l’héroïque valeur de Râma aux longs bras et celle de Lakshmana, je renais à l’espérance. » Ensuite, revenu à la confiance, l’intelligent et sage fils du Vent s’élança d’un bond rapide à l’heure où le soir étend ses voiles, et pénétra dans la ville de Lankâ aux grandes rues bien distribuées.

Alors, dans les demeures des Rakshasas, les rires, les cris et les causeries, sur lesquels dominait le son des instruments de musique ; alors, dis-je, tous ces bruits se mêlaient ensemble pour former en quelque sorte la seule voix de Lankâ.

Arrivé dans la grande rue, embaumée du parfum que l’éléphant amoureux distille de ses tempes, il vint cette pensée à l’esprit du singe intelligent, qui promenait ses regards de tous les côtés : « Je vais inspecter l’une après l’autre toutes les entrées de ces maisons princières qui ont l’éclat des constellations ou des planètes, et qui montent, pour ainsi dire, jusqu’au ciel. »


La lune, comme si elle eût prêté son ministère au singe, s’était levée, environnée par les bataillons des étoiles ; et, brillante avec plusieurs milliers de rayons, elle fouillait dans les mondes par l’expansion de sa lumière. Le héros illustre des singes vit monter avec la splendeur de la nacre cet astre illuminant les régions éthérées dans la nuit, et qui, blanc comme le lait ou comme les fibres du lotus, nageait dans les deux, tel qu’un cygne dans un lac. Ce héros vit ensuite la splendide et radieuse planète, arrivée entre les deux moitiés